Initiale F.

Au mois d’août, c’est encore l’hiver austral. Tout est sec ; herbes et cours d’eau. Les jours sont courts, mais le soleil généreux et la lumière douce ; idéale pour le photographe.

Dimanche 7 août : arrivée à Kruger National Park par Phabeni Gate où l’on est taxé de 180 ZAR par personne (€ 18) et où l’on reçoit les recommandations d’usage : ne jamais sortir du véhicule. Frustrante mais sage précaution.

On est prêts ; deux yeux chacun, c’est peu. Mise en place d’une stratégie d’observation : tu regardes à droite, moi à gauche.

A gauche ! A gauche ! Qui a crié ? Qu’importe ! Là, au bord de la route, des girafes ; des girafes gigantesques, escortées de quelques zèbres élégants : MAGIQUE !

Elles restent là, à mâchonner les suprêmes feuilles des arbres tout en gardant sur nous un œil méfiant. Puis, lassées sans doute de notre présence, elles s’éloignent lentement, telles des danseuses, graciles et sereines, dans un silence absolu.

On regarde, ou plutôt on contemple : émus, éblouis, ravis.

A Kruger, pendant trois jours, du matin à la tombée de la nuit, on n’a eu de cesse de traquer la faune et on n’a pas été déçus. Rhinocéros, zèbres, singes, éléphants, antilopes, lions, guépards, buffles, hippopotames, gnous…

Après Kruger, Ithala Game Reserve, dans le Kwazulu-Natal. Là, pas de grands fauves, mais des paysages sublimes. Puis, et enfin, Hluhluwe Game Reserve, plus au sud.

On a fait des photos, beaucoup de photos. Instants saisis, instants furtifs, souvenirs précieux qui resteront toutefois des fragments figés, détails de la réalité.

Notre mémoire, elle, nous repasse des scènes de films inoubliables : la longue et lente déambulation d’éléphants dans la chaude lumière d’une fin de journée ; la traversée surprise d’un rhinocéros massif et déterminé, juste devant notre véhicule ; les va-et-vient silencieux, au bord d’un point d’eau, des gnous, des impalas et des zèbres, toujours aux aguets ; la visite inopinée d’une hyène à deux pas de notre tente ou encore la gueule ensanglantée de ce lion qui s’acharne sur les flancs d’un buffle tué par les lionnes et tombé là, au bord de la route.

Petit album photos.

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C’était sûr. Un jour, on irait les voir. C’était une évidence.

Dix fois le projet est conçu, aussitôt avorté. On évoque le Kenya, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, on consulte les guides pour au bout du compte arpenter, chaque été, les grès rouges de l’Utah et les canyons de l’Arizona. Difficile de s’arracher du rêve américain.

Et puis cette année, enfin… Bingo ! C’est décidé, à nous les BIG FIVE* ! Vol sec pour Johannesbourg et location de voiture quinze jours avant notre départ. Sale manie de tout faire à la dernière minute.

Premier vol sur un “A380” d’Air France. Première rencontre avec l’Afrique noire. Excitation.

Jo’Burg. On n’a pas prévu d’y séjourner à l’arrivée. Juste un tour de chauffe. Pour voir. On traverse des quartiers résidentiels, huppés, protégés par de hauts murs hérissés de barbelés et de clôtures électrifiées. Sur les portails monumentaux, l’avertissement est clair : « armed response ».

On quitte la ville. Au bord de l’autoroute, les townships, assemblages hétéroclites, émergent dans la poussière. Terrible contraste. Parfois, de petits lotissements en dur s’élèvent au cœur des bidonvilles. Des raisons d’espérer ? Peut-être. On mesure pourtant l’ampleur de la tâche. Pas facile de reconstruire un pays qui a si longtemps ignoré, méprisé, asservi 90% de sa population. D’autant plus qu’aujourd’hui encore 80% des richesses restent aux mains des blancs. On sait –et ça se voit– que le pays est en pleine expansion économique et qu’il exerce une attraction forte sur les habitants des pays limitrophes ; une immigration vue d’un très mauvais œil par les Sud-Africains et qui a donné lieu, ces dernières années, à de véritables pogroms. Quid de l’avenir ? Une nouvelle génération arrive. La première à n’avoir pas vécu l’apartheid et qui ne se reconnaît déjà plus dans l’ANC. Cette génération pourrait bien demander des comptes. La violence, ici, est disponible. Les responsables politiques seraient bien inspirés de s’en souvenir.

Quelques photos de l’habitat rural dans le Kwazulu-Natal :

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* Les BIG FIVE sont : le rhinocéros, le buffle, l’éléphant, le lion et le léopard.

A suivre…

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